Le gouvernement fédéral finance l’éviction de locataires de logements abordables pour construire des logements qui ne le sont pas

Québec, le 12 novembre 2025 – Le Comité logement d’aide de Québec Ouest (CLAQO) dénonce l’utilisation de fonds publics pour financer des projets de logements privés qui ne répondront pas aux besoins d’un côté et qui nécessiteront l’éviction de dizaines de locataires de l’autre.

Le Programme de prêts pour la construction d’appartements (PPCA) n’est pas la solution

Ce matin, le ministre de la Transformation du gouvernement, des Travaux publics et de l’Approvisionnement et député de Louis-Hébert, Joël Lightbound a annoncé le financement de 63.2 millions de dollars pour aider à construire 264 logements locatifs sur le site où se trouve actuellement le complexe locatif des Jardins du Vallon à Sainte-Foy.

Le ministre prétend que le PPCA permettra la construction de « vrais logements accessibles », or selon le CLAQO, il n’en est rien. Selon Nicolas Villamarin Bonilla, porte-parole de l’organisme : « Le PPCA n’a aucun bon sens. Selon les critères d’abordabilité de la SCHL, un logement de 1760$/mois serait abordable à Québec. C’est cher parce que le programme prend en compte le revenu des propriétaires dans le calcul de ce qui serait abordable pour la moyenne des ménages. Or, les ménages propriétaires à Sainte-Foy sont en moyenne deux fois plus riches que les locataires. » Si on prend le quartier où se situe le projet du promoteur, la Cité-Universitaire, le revenu médian des ménages – propriétaires compris – tournait autour de 46 000$, selon le dernier recensement. « Non seulement ce projet ne fait pas partie de la solution, mais on finir par donner de l’argent qui tombe directement dans les profits des propriétaires qui profitent de la crise du logement. »

Embourgeoisement d’un secteur où la population locataire est particulièrement vulnérable

Pour le CLAQO, il est scandaleux qu’en plus de donner de l’argent public à des intérêts privés pour construire des logements qui ne répondent pas aux besoins, le projet actuel du propriétaire requiert l’expulsion de dizaines de locataires. Nicolas Villamarin Bonilla s’indigne : « Il y a des locataires qui habitent là en ce moment. Ce monde-là paye autour des loyers moyens pour le secteur : soit 1000-1100/mois. Là, on va les expulser pour démolition – en fait, c’est déjà commencé –, ils vont s’en aller où ce monde-là? Dans les logements soi-disant abordables, 1 fois et demie plus cher? Les locataires actuels sont pour plusieurs des étudiants et étudiantes, ont-ils les moyens de payer 1550$ pour un trois et demi. Parce que c’est le prix annoncé sur le site web du promoteur actuellement ». Pour le porte-parole du CLAQO, l’annonce du gouvernement ne fait aucun sens. Il continue : « On nous dit que c’est pour construire plus de logements. On nous dit 264 logements. Or, on va supprimer des dizaines de logements réellement abordables pour en arriver là. Le résultat, c’est qu’on aura peut-être un peu plus de logements, mais les loyers vont encore exploser ».

Le fédéral doit financer le logement social

Pour le CLAQO, le fédéral, comme les autres paliers de gouvernement, doit éviter de financer le marché privé et réserver les fonds pour le logement social. Le porte-parole du CLAQO résume : « La solution, on l’a toujours dit, ça reste de réserver le financement au logement social. C’est du logement qui répond aux besoins des locataires et qui reste dans la collectivité, plutôt que de se retrouver à engraisser les poches d’actionnaires qui profitent et nourrissent les crises du logement. En plus, c’est en grande partie de la faute au fédéral si on en est là. Si le gouvernement n’avait pas mis fin au programme HLM dans les années 1990, peut-être que ça ne prendrait pas des années à attendre sur une liste avant d’avoir un logement décent. On aurait moins de gens dans la rue et, ultimement, ça couterait moins chers en services publics. »