Des hausses scandaleuses ! Les locataires abandonnés par le gouvernement (encore cette année)

Québec, 14 avril 2025 – Ce matin des membres de la Coalition de Québec contre les hausses de loyer ont brandi une bannière au coin des boulevards Charest et Langelier pour dénoncer l’inaction du gouvernement face aux hausses de loyers qui ne cesse de croître et de miner la qualité de vie des locataires au profit des investissements de certains·nes. 

Encore une fois, la période des avis d’augmentation de loyer s’avère difficile pour les locataires de la région de Québec. Les membres de la Coalition de Québec contre les hausses de loyer, qui se retrouvent en première ligne de cette crise, constatent l’ampleur des dégâts. En moyenne, les locataires qui ont contacté nos services ont des avis d’augmentation de 8,8%, soit quatre fois plus que le taux d’inflation de 2024.

« Certaines augmentations sont carrément absurdes. Quand un propriétaire demande une hausse de 800 $ sur un loyer de 655 $, on se demande jusqu’où ça va aller. C’est 742 $ de plus que notre estimation ! », déclare Félix Marois, organisateur communautaire au Bureau d’animation et d’information logement du Québec métropolitain. Ces hausses exorbitantes sont loin d’être isolées : près de deux locataires sur trois ont reçu un avis d’augmentation plus élevé que l’estimation fournie par les groupes logement, basée sur les indicateurs du Tribunal administratif du logement (TAL).

La locataire, qui a fait face à cette demande de 800 $ ainsi qu’à un avis d’éviction pour subdivision, malgré le moratoire pour ce type d’éviction, s’indigne et tient à partager son expérience “parce que je veux que les droits des locataires soient respectés. Suite à cette annonce d’augmentation abusive, je me suis senti déstabilisé et je me suis questionné sur le pourquoi. Ensuite, je me suis dit que je ne suis pas responsable de payer une telle augmentation et que c’est mon choix d’être locataire !”

Cette année,les hausses abusives ne sont pas seulement la faute des propriétaires qui cherchent à exploiter leur position dominante en période de pénurie de logements accessibles et de flambée des loyers. En effet, avec une hausse de base de 5,9 % pour un logement non chauffé, proposée par le Tribunal administratif du logement, nous estimons une hausse « acceptable » à 7,4 % en moyenne, une fois les taxes et les travaux majeurs pris en compte. Dans la région, la hausse « acceptable » la plus élevée a été de 250 $ pour un loyer de 600 $ par mois.

« Nous aurions aimé que le premier ministre intervienne pour défendre les locataires, comme il l’a fait pour les consommateurs dans le dossier des hausses de tarifs d’Hydro-Québec », ajoute Guillaume Béliveau Côté, animateur-coordonnateur au Comité des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur.

En approfondissant les raisons derrière ces hausses vertigineuses, il devient évident que ce ne sont pas uniquement les coûts d’exploitation et de travaux qui sont en cause. En effet, c’est l’augmentation des revenus nets des propriétaires (revenu total moins les coûts d’exploitation) qui explique la majorité de ces hausses. Avec environ 60 %, des augmentations étant liées aux revenus nets des immeubles, les propriétaires en profitent largement. « En somme, ce que dit le gouvernement, c’est que plus ton immeuble te rapporte, plus tu peux augmenter les loyers. Si ce n’est pas renforcer la position privilégiée des propriétaires, je ne sais pas ce que c’est », souligne Azélie Rocray, coordonnatrice de la Table citoyenne littoral Est.

Face à cette spirale inflationniste – plus le revenu net d’un propriétaire est élevé, plus sa hausse de loyer est grande, entraînant ainsi une augmentation des revenus et ainsi de suite – il est urgent de réformer la méthode de calcul des augmentations de loyer.

Nous demandons au gouvernement d’agir immédiatement. Un gel des loyers est essentiel pour stopper cette hémorragie et permettre une réforme de la méthode de calcul des hausses de loyers. Nous réclamons également la mise en place d’un contrôle des loyers afin de garantir l’accès à un logement décent pour toutes et tous. L’habitation ne peut pas être traitée comme un outil d’investissement. Un logement est un droit, et non une simple marchandise!

*La Coalition de Québec contre les hausses de loyer est formée du Bureau d’animation et d’information logement du Québec métropolitain, du Comité des citoyens et citoyennes du quartier Saint-Sauveur, du Comité logement d’aide de Québec Ouest, du Comité populaire Saint-Jean-Baptiste, de la Ruche Vanier et de la Table citoyenne Littoral Est.